Si tel est le cas, voici 5 conseils prodigués par Christian RAMOS, psychologue spécialisé en préparation mentale du sportif et qui compte de nombreuses compétitions internationales à son actif.
1. Évaluez la « blessure » liée à l’échec
« Lorsqu’une formation se trouve en difficulté, impossible de faire comme si de rien n’était. Il convient à l’entraîneur de tenir compte de la « blessure mentale » à la fois individuelle et collective de son équipe. Dans le cas d'une relégation par exemple, même si l'arrivée d'une nouvelle saison donne l'impression d'un nouveau départ, il s’avère primordial de prendre le temps d'évaluer les différentes traces laissées par cet échec. Comment ? Par l’entretien individuel spontané, formel ou informel, qui permet de constater le degré d’affectation du joueur, qui peut s’étendre de l’indifférence pour certains au véritable traumatisme pour d’autres…
Dans ce dernier cas, les deux étapes traumatiques se manifestent par le refus, puis la colère liée à la non-acceptation de la situation. Il apparaît donc essentiel de soigner le plus vite possible la blessure liée à l'échec pour mieux rebondir ensuite. Je prends souvent en exemple une compétition internationale de handball féminin en 2007, lorsque l’équipe de France a été éliminée en quarts de finale par la Roumanie après une double prolongation (31-34). Après ce traumatisme, le travail d'évaluation de la blessure a débuté directement dans les couloirs de l’hôtel durant une grande partie de la nuit. Cette réaction rapide a permis d’impulser la bascule en créant un fil conducteur émotionnel positif, nécessaire pour le rebond vers le prochain événement mondial. »
2. Évacuez les traces laissées par l’échec
« Tous les joueurs ne sont pas égaux face à la digestion de l’échec. Ceux qui réagissent le mieux font preuve d'autodétermination et affichent une attitude positive qui leur permet, quel que soit le résultat, de se relancer dans une dynamique constructive d’évolution personnelle et collective. Cette motivation autodéterminée est le socle de la réussite. Plus le joueur choisit volontairement de s’engager dans une activité - par plaisir du jeu et de progresser - plus il donne du sens à son investissement et peut alors faire preuve d’endurance psychologique lorsque l’environnement ne lui est pas favorable.
Toujours est-il que dans les moments difficiles, il revient à l’entraîneur de redéfinir les objectifs afin d'éviter que certains tombent dans un état de « dépression » lié à l'incertitude autour de leur avenir personnel et de celui de l'équipe : quels seront les nouveaux choix de l’entraîneur ? Vais-je conserver mon statut au sein du collectif ? Etc. Lors de la reprise estivale, une partie de l'effectif peut rester enfermée dans ces interrogations, avec un impact réel sur la motivation. Au lendemain d’un traumatisme, il est donc essentiel pour le coach d’encourager le projet personnel comme préalable au projet collectif, pour redonner du sens et (ré)activer l’auto-détermination. A l’aide pourquoi pas de ces quelques questions fondamentales posées lors de l’entretien : Qu’est-ce qui t’anime aujourd’hui ? Qu’est-ce qui t’animait lorsque tu as commencé ce sport ? Par quoi as-tu vraiment envie d’être animé les trois prochaines saisons ? Quelles actions dois-tu entreprendre dès aujourd’hui pour activer ta propre motivation ? »
3. Retrouvez un climat positif
« On ne peut pas ressentir la joie en permanence. En revanche, la bonne humeur est plus durable et plus facile à créer. Sa présence sur et en dehors du terrain influence positivement la motivation, la façon de penser et de communiquer. Lorsque l’entraîneur et les leaders de l'équipe instaurent un climat de bonne humeur, ils créent les conditions de la motivation qui stimule l’investissement du joueur pour atteindre ses objectifs. Sur le plan de la concentration - au contraire de l'anxiété qui provoque un monologue négatif - la bonne humeur permet de se projeter plus facilement dans la recherche de solution.
Elle facilite l’endurance psychologique et permet d’accepter la critique plus facilement. Enfin, au niveau de la communication, un climat positif améliore la coopération et les relations entre les membres de son groupe. La vraie complexité pour un entraîneur est d'arriver à concilier plaisir et respect des exigences que le niveau implique. Alors un conseil ? Proposez des exercices ludiques à effectuer avec précision et soyez exigeant, tout en restant positif. Et surtout, gardez le sourire pour toujours transmettre de l’énergie positive ! »
4. Construisez un projet collectif
« Si un projet commun n’assure pas forcément la victoire, son absence conduit souvent à la défaite. La clarté d'un projet de jeu basé sur les qualités des joueurs en présence est donc une étape incontournable car c’est en constatant son efficacité que le groupe va y adhérer. Pour qu'ils s'approprient ce projet collectif, impliquez vos joueurs en les faisant participer à sa construction. Vous pouvez par exemple envisager que quelques volontaires présentent au reste du groupe leurs analyses vidéo de séquences de matchs. Ce type de management participatif responsabilise les acteurs.
La compréhension des normes collectives doit par ailleurs être intelligemment associée à la définition des rôles individuels. Là encore, le management participatif va vous permettre de responsabiliser les joueurs et d'augmenter leur sentiment de compétence ainsi que leur désir de se surpasser. Dès 2006, le légendaire coach de l'équipe de France féminine de handball, Olivier Krumbholz, en a introduit dans son management. "Avant, on ingurgitait à des vitesses astronomiques des séances vidéo à l’issue desquelles on n’était pas forcément plus avancés… Les rapports entre le staff et les joueuses ont évolué ; on est passé d’un système scolaire à des échanges plus systématiques. Les filles se sont alors senties responsabilisées, elles ont mieux compris les exigences ; et à partir du moment où tu comprends les choses, tu es plus investie, tu arrives mieux à les réaliser", expliquait notamment la capitaine, Stéphanie Cano, dans le journal l'Equipe. »
5. Élevez le niveau d’exigence personnel au service de l’équipe
« Une fois l’échec collectif accepté, la motivation relancée et le nouveau projet partagé par l'ensemble du groupe, l’entraîneur peut encore participer activement à l’atteinte des objectifs communs en accompagnant le joueur vers un niveau d’engagement maximum. Pour cela, le rôle de chacun doit être clair, accepté et connu par l’ensemble de l’équipe afin de valoriser ses points forts et poser les fondations de l’identité collective. Parmi les différents rôles, on trouve bien entendu celui des leaders, véritables garants du projet. Ils seront des relais indispensables pour l’entraîneur et inciteront de façon implicite ou explicite chaque coéquipier à élever son niveau d’exigence pour que le résultat collectif soit à la hauteur des ambitions individuelles. »